Apple Juice [Version 1]

Candide, dans son périple, eut besoin d'être fessé, battu, volé, pillé et bien pire encore avant de pouvoir atteindre son bonheur en compagnie de Cunégonde la laide ainsi que la vielle à la fesse unique dans sa petite métairie. Tout celà en suivant les fins conseils de son précepteur Pangloss qui se cachait derrière son très célèbre "Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes", se glissant tel une autruche la tête dans le sable pour ne pas prendre conscience de l'erreur de cette devise et les malheurs qui s'enchainent. Et c'est de façon identique que la famille Kingston se cachent derrière de faux sourires et une fausse courtoiserie pour ne pas voir en face leurs problèmes d'ordre conjugaux.

Jensen et Souri s'étaient rencontrés à l'université de droit et se sont mariés peu de temps plus tard avant de devenir respectivement juge et avocate dans le même tribunal, un etablissement très prestigieux dans l'Etat de New-York. Leur amour dura longtemps et bientôt, Souri donna naissance à ses fils, Ehren en premier suivi de très près par Devan, son jumeau, mettant ainsi une pause à sa très glorieuse carrière pour élever ses enfants de la meilleur façon possible mais en négligeant ainsi sa propre vie, sa propre ambition et ses désirs. Et après de longues années d'abandon de sa propre image, se transformant peu à peu en mère au foyer aigrie et mal-fichue, Souri perdit toute sa superbe. Ce qui avait tant séduit le jeune juge fânait petit à petit, ce qui le tenta à aller voir d'autres de ces belles avocates ambitieuses et féroces durant l'abscence tardive de sa femme.

Souri, au fil des années, se rendait bien compte des aventures extraconjugales de son mari, mais par amour pour lui et pour ses enfants, elle gardait silence, malgré la douleur qu'elle éprouvait en voyant des traces de rouge sur les cols de Jensen. Mais un jour, Jensen alla trop loin pour elle, alors qu'il la croyait absente au centre de massage, il enmena chez lui une de ces dames de luxes, collègue en son etat. Celà fut la goutte de trop pour Souri qui decida de prendre les choses en main...et par la même occasion, mettre son mari ingrat dehors, en demandant le divorce. Et malgré sa fureur devant l'audace de son mari, le divorce se fit à l'amiable, dans la joie et la bonne humeur...presque. Du moins, les apparences l'étaient, mais Souri n'était pas le genre de personne à crier son malheur sur les toits, au contraire, pour elle, il lui faut d'être forte et couvrir les besoins de ses fils agés de 15 ans à ce jour...

Devan et Ehren Kingston étaient de véritables jumeaux, et pourtant, malgré leur apparence physique identique à quelques détails près, il était particulièrement aisé de reconnaître qui était Devan et qui était Ehren, un bref coup d'oeil suffisait pour les distinguer ! Ehren était un adolescent très beau certes, mais également très populaire au lycée, il était à la fois brillant en classe et très apprécié par les élèves, en particulier les filles qui ne résistaient rarement à ses charmes multiples. Mais à l'opposé, Devan se faisait éviter, il se montrait sournois et moqueur envers les autres élèves, il souriait peu et se montrait agréable que par interêt personnel, cependant, malgré ce caractère excécrable, les filles se pressaient pour lui plaire, en vain. Il se fichait bien de ce qu'elles pouvaient éprouver, et s'il sortait avec quelques unes, ce n'était que pour se donner un alibi. Lui, il n'avait qu'un seul objectif, une seule et unique ambition dans sa vie: plaire à Ehren !




Quand Devan ouvrit les yeux, il était encore très tôt mais désormais, il savait qu'il ne parviendrait plus à fermer les yeux et à se rendormir, il en avait assez d'essayer de se convaincre qu'il allait parfaitement bien ! D'un geste las, il recula son épaisse couette qui le faisait suer de chaleur puis, il s'assis sur le côté en se passant une main dans sa tignasse hérissée avant de se prendre la tête dans les mains. Il savait pourtant parfaitement bien pourquoi il se sentait si mal: Ehren avait une petite amie, Evie. Il soupira puis posa ses pieds nus au sol avant de se lever doucement. Il ne portait qu'un boxer et son corps humide lui donnait à présent des frissons, mais il était hors de question de retourner sous sa couette, elle le rendrait fiévreux ! Il sortit alors de sa chambre à pas de loup puis se dirigea vers la chambre de son frère avant d'y entrer en douce. C'était bien regretable, mais ils ne partageaient pas la même chambre, ayant une maison spacieuse depuis la reprise du travail de leur mère qui avait repris sa carrière d'avocate, avec succès !

Sans faire le moindre bruit, Devan entra dans la pièce et doucement, s'approcha du lit de son frère auquel il entendait la respiration. Il resta ainsi quelques instants afin d'admirer les traits de son frère, Devan était narcissique, mais il trouvait son jumeau tellement plus beau que lui, tellement parfait...Il sourit de coin en le voyant se retourner vers lui dans son sommeil puis il s'approcha et s'agenouilla près de lui quand Ehren ouvrit les yeux. Surpris de le voir devant lui.

- Qu'est-ce que tu fais ?
- Je n'arrive pas à dormir...
- Merde tu devrais prévenir quand tu veux dormir avec moi !
- Désolé 'Ren
- Je suis nu là, passe moi un boxer
- Ehren, nous sommes exactement pareils !

Ehren soupira puis se décala vers le mur afin de laisser son frère prendre place à ses côtés, il regarda alors son réveil qui indiquait 3:40, il se laissa retomber dans son oreiller avant de regarder Devan qui se faisait une place dans le lit, un air satisfait dans les yeux. Ehren ne put s'empêcher de sourire, il le faisait rire Devan, derrière ses airs de dur et d'insensible, il se montrait tel un enfant avec lui quand ils étaient seuls ainsi. Il lui sourit alors tandis que Devan le regardait sans rien dire, un air ensommeillé dans les yeux, bien qu'il luttait pour les garder ouverts. Le jeune homme s'étira mollement quand son genou entra en contact avec la cuisse humide de Devan.

- Merde mais t'es trempé !
- Je sais bien, devine pourquoi je suis avec toi !
- Bah...
- J'ai fais un mauvais rêve. J'ai sommeil Ehren...Bonne nuit.
- D'accord, bonne nuit Devan..

Ehren ne parla plus et le laissa s'endormir, se détendant un peu pendant que Devan commençait à prendre toute la place du lit avant de s'endormir contre le corps brulant de son jumeau qui ne tarda pas à le suivre dans les bras de Morphée. Cette situation n'était cependant pas rare entre les jumeaux Kingston, alors qu'en classe, ils se parlaient peu, quand ils étaient seuls ensemble, ils se montraient très tendres l'un envers l'autre. Il n'était donc pas exceptionnel qu'ils partagent le même lit de temps à autres, dans le plus grand des secrets bien sur, mais ils aimaient dormir ensemble. Ce n'était qu'un sommeil chaste mais tout deux tenaient à cette présence, ce lien qui les unissait...

Le lendemain matin, avant même que le réveil se mit à sonner, Devan se réveilla. Il était allongé contre le corps endormi de son frère qui dormait profondément, il aimait sentir sa peau chaude contre lui, cent fois il avait déjà imaginé pouvoir toucher cette peau tendue, caresser ces courbes parfaites, mais cent fois également il s'était refoulé, sachant que son jumeau avait un sommeil particulièrement léger ! Il se leva donc avec regret et quitta la chambre sur la pointe des pieds afin d'éviter de se faire remarquer, car si Ehren et lui trouvaient celà normal, il était hors de question que leur mère l'aprenne ! Elle ne le comprendrait pas.

De retour dans sa chambre, Devan attrapa un jean qu'il enfila rapidement avant de se mettre à la fenêtre pour fumer. C'était une très mauvaise habitude, mais au réveil, il se sentait nerveux et il avait besoin de passer ses nerfs sur quelque chose. Il regarda la rue, accoudé sur le bord de la fenêtre, songeur. Il s'en voulait de ce qu'il ressentait pour son propre frère, son jumeau ! C'était tellement immoral ! Et malgré tout, il continuait à l'aimer comme un fou, il ferait tout pour pouvoir être dans les bras du jeune homme, de pouvoir gouter à ses lèvres...Mais c'était impossible et il le savait, il devait cesser de rêver et de courire après cette chose inimaginable !

- Pourquoi tu ne m'as pas réveillé ?

Devan sursauta à la voix d'Ehren qui venait d'entrer dans sa chambre, adossé contre la porte qu'il avait refermée derrière lui. Il ne s'était pas attendu à ce qu'il le suive, d'autant plus qu'il le pensait endormi ! Il haussa alors les épaules, la question était loin d'être idiote. Il ne réveillait jamais son frère quand il partait, il ignorait d'ailleurs pourquoi, alors qu'Ehren, lui restait toujours jusqu'au matin.

- Je ne sais pas. Je t'avais déjà dérangé avant...
- Tu sais bien que tu me déranges pas !
- Ouais...désolé.
- Tu fumes toujours autant ! Tu vas sentir le tabac !
- Et alors, j'ai pas de copine à baiser moi !

Ehren fronça les sourcils en voyant la cigarette de Devan, il detestait quand son frère fumait, d'autant plus qu'il fumait beaucoup trop à son gout, et même si généralement il évitait de fumer devant lui, il n'appréciait pas. Mais il savait également que Devan était têtu, il ne cesserait pas sur sa demande, malgré leur relation privilégiée. La réaction de Devan fut aggressive, il le dit d'un ton particulièrement amer et le regarda dans les yeux en insistant sur la grossièreté.

- Qu'est-ce que tu racontes !?!
- Ecoute 'Ren, mêle toi de tes affaires, ok ?
- C'est quoi ton problème ? Merde alors !
- Rien du tout je t'ai dis ! Fous moi la paix !
- Si c'est à cause d'Evie, t'es vraiment un crétin, elle est cool comme fille, mais même, elle changera rien entre nous ! Rien du tout !
- Ah oui ? Et qu'est-ce qu'elle dirait si elle nous voyait dormir ensemble ?

Devan parlait d'une voix pleine de sarcasmes, très froidement en regardant droit dans les yeux de son frère qui se tut à la question très pertinente. Devan était malade de jalousie pour cette fille qui pouvait faire ce qui lui était interdit, et c'était pour celà qu'il la méprisait terriblement, avant même de la connaître, il savait déjà qu'il la haïssait et qu'il la dégouterait de lui, afin qu'elle ne s'approche plus jamais d'eux. Ce comportement nuirait au bonheur d'Ehren, il le savait également, mais il ne parvenait pas a accepter la rivalité.

L'aggressivité de Devan provoqua un froid entre les deux jumeaux qui restèrent alors chacuns dans leur chambre, séparés. Devan s'en voulait des mots qu'il avait craché à la figure de son frère, et, de son côté, Ehren, se sentait blessé. Ils allèrent séparément au lycée, s'évitant encore plus que d'habitude, bien qu'ils étaient dans la même classe. Les jumeaux Kingston évitaient de se montrer trop affectueux en au lycée, ils étaient très pudiques aux yeux des autres. Et il était dans leur interêt social qu'ils se séparent à la grille d'entrée, appartenant tout deux à un monde différent. Ehren était apprécié par toute la classe, aimé secretement par toutes les filles, admiré par les professeurs ravis de ses résultats, bref, il était très populaire au sein du lycée. Ce qui était tout le contraire de Devan qui par son mauvais caractère rejetait tout le monde, méprisait ses camarades de classe, était dégoûté par la gente féminine qui malgré celà lui courait après dans l'espoir de lui plaire, exaspérait les professeurs. On pouvait donc le qualifier d'antisocial, mais malgré son côté invivable, il n'était pas seul, il avait quelques camarades, mais il avait surtout un ami: Lucas.

Dès son arrivé, au lieu d'entrer dans la cour, Devan alla attendre devant le portail d'entrée, il n'y était d'ailleurs pas seul, il y avait Dana, qui malgré sa tête rasée et son visage androgyne, elle restait tout de même une fille. Mais Devan l'aimait bien, elle était presque plus masculine que lui, et elle se comportait comme un homme. Il aimait sa façon d'être parce que malgré son sexe, elle vivait ce qu'elle était vraiment au fond d'elle même, elle ne redoutait pas le regard des autres, et quand elle s'était rasé ses longs cheveux blonds, elle n'avait pas même hésité ! Il vit enfin Lucas arriver. Il était bel homme, très grand et très fin avec de très beaux cheveux argentés qui lui tombaient sur les épaules et sur ses yeux clairs noircis au crayon noir. Le maquillage mettait en avant les traits féminins du jeune gaçon mais son anneau dans la lèvre remettait un certain côté viril sur son visage androgyne. Et si Devan était antisocial, Lucas était pire, il ne parlait à personne, il était égoïste et égocentrique, il ne supportait personne et ne se montrait agréable que pour ses besoins mêmes. Mais les deux jeunes hommes étaient amis et malgré leurs nombreuses violentes bagarres, ils étaient très proches et ne se séparaient jamais au lycée. A son arrivée, Dana s'en alla, peu désireuse de devoir rester avec l'odieuse personne qu'il était.

- Bonjour Devan, elle s'en va déjà ? Trop dommage !
- Tu sais comment tu es, non ?
- Exact, mais toi tu restes !
- Moi c'est une autre affaire. Tu veux venir ce soir ?
- Je te manques à ce point ?
- Non. A cause d'Ehren.

Lucas sourit de coin, il n'était pas idiot, malgré son apparence je m'en-foutiste, il savait des choses sur les jumeaux, plus qu'ils ne le pensaient. Il était bien le seul à se rendre compte de leur étrange manège, ils se montraient bien trop distants l'un envers l'autre pour que tout soit clair entre eux. Bien entendu, Lucas était quelqun de discret, et il n'était pas non plus curieux d'en savoir plus. L'ambiguité de la situation l'indifferait, tant qu'il gardait de bonnes relations avec son ami. La cloche sonna alors quand les deux jeunes hommes décidèrent d'entrer en classe, et ils arrivèrent bien entendu en retard ce qui agaça leur professeur de mathématiques. C'était bien le moindre des problèmes de Devan qui jeta alors un coup d'oeil sur Ehren qui lui lança un regard accusateur, énervé que son frère se fasse encore remarquer. Devan baissa la tête, et alla s'installer aux côtés du Lucas. Il s'en voulait de decevoir son frère, mais il ne parvenait pas à être comme lui. Il aurait tant voulu ressembler à Ehren, mais il n'était que lui-même et il le savait.

La journée s'était déroulée d'une façon assez spéciale, assez pesante même ! Devan avait une forte impression qu'Ehren lui en voulait, qu'il était faché contre lui, ce qui ne fit qu'augmenter sa mauvaise conscience depuis les mots qu'il lui avait dit. Il se trouvait tellement stupide parfois ! Et à la sortie des cours, Ehren ne l'avait même pas attendu, il était directement allé chez sa petite amie qui l'attendait impatiemment. Devan s'assombrit en le voyant déposer un baiser sur ses lèvres, il baissa alors la tête et tenta d'oublier cette sinistre image qui lui serrait la gorge. Mais il n'était pas seul, Lucas marchait à ses côtés, à lancer des regards moqueurs aux lycéens qui les regardaient d'un air suspicieux, car il était bien connu, quand ils étaient ensembles, ils faisaient toujours quelque chose de mal, voilà quels étaient les préjugés à propos de leur amitié, mais ce n'était pas vrai, ensemble, il se sentaient vraiment bien car ils n'avaient pas besoin de se cacher ou de se masquer au regard de l'autre.

Souri n'était pas là, elle avait repris le travail depuis un certain temps déjà, et elle rentrait souvent assez tard, mais pas toujours, fort heureusement ! Quand les deux amis entrèrent, Ehren était déjà rentré également, celà étonna d'ailleurs son frère qui pensait qu'il resterait avec Evie, mais il trouva la situation propice pour se venger d'Ehren qui lui faisait la tête. Il sourit de coin et monta les escaliers suivi par Lucas qui lança un regard moqueur à Ehren, seul dans la cuisine. Ils entrèrent dans la chambre et avec mécanisme, allumèrent la radio qui ne diffusait que de vieilles musiques de rock, ouvrirent la fenêtre et sortirent de quoi s'amuser un peu et, pendant que Devan leur préparait de quoi fumer, Lucas alla chercher de quoi boire, dans le salon. Ils n'y avaient pas pensé en montant, mais Lucas n'avaient plus besoin de son ami pour trouver de l'alcool ou quoi que ce soit dans cette maison. Et de ce fait, il passa devant le frère de son ami d'un pas désinvolte, un sourire aux lèvres. Ehren ne réagit pas, il était habitué à voir Lucas le mépriser, qu'il se serve ainsi dans leur petit bar. Au début, celà l'avait choqué, mais il n'avait pas envie de s'en prendre à Lucas, qui de toute manière ne lui plaisait guère !

- C'est cool chez toi franchement ! On boit à volonté, on fume, on est au calme ! Dommage qu'il y a l'autre clampin par contre !
- Je t'enmerde Lucas ! Redis ça et je te casse la figure.
- Tu es tellement susceptible ! A croire que t'es amoureux...
- Va-te-faire foutre !
- Ouu j'ai peur, baby !

Devan ne supportait vraiment aucunes remarques sur lui ou sur Ehren, même en période de disputes, et il le faisait savoir. Mais Lucas était malin en plus de sournois, il n'était pas dupe à propos de Devan et Ehren, du moins, il était sûr que Devan aimait d'une façon autre que fraternelle son propre jumeau mais il se taisait le plus souvent sur le sujet, conscient qu'il pourrait s'en servir un jour ou l'autre. Il préférait provoquer Devan, il aimait le voir furieux, il aimait qu'il crie, qu'il le frappe. C'était peut être une sorte de masochisme, mais il adorait se battre avec Devan, et leurs rencontres finissaient généralement par des bagarres entre eux, mais ils revenaient toujours encore ensemble, comme si de rien était. Et la provocation porta ses fruits car la patience de Devan était vraiment limitée et il s'emportait très vite. En colère, il se rua sur Lucas en l'empoignant au col et en le plaquant violemment contre le lit, s'approchant dangereusement de lui, d'un air menaçant, mais Lucas n'avait pas peur et le regarda d'un air moqueur, avec un petit rire sur les lèvres.

- Parce que tu crois que ça va y changer quelque chose ? Vas-y frappe moi, je me laisserais faire comme d'habitude ! Tu crois quoi ? Que t'as une chance de m'atteindre en me frappant ? Vas-y, donne toi en à coeur joie, j'aime quand tu te fâches !

A ces mots, Devan le lacha, honteux de devoir donner raison à Lucas car il n'ignorait pas combien il était intelligent et malin, il cachait très bien son jeu, mais rien ne lui échappait, et malgré sa rage, Devan ne pourrait jamais réellement l'atteindre, parce que Lucas ne ressentait rien, il était comme vidé de tout, et pourtant, si lui ne ressentait aucunes émotions, Devan avait l'intime conviction que son ami sentait les sentiments des autres, à raison... Lucas profita alors de la baisse d'attention de Devan pour le repousser d'un coup à l'épaule, assez fort pour le faire vasciller. Et si la colère de Devan s'était calmée, à présent, elle remonta en flèche, il était hors de question qu'il se laisse humilier par le jeune blond. Il répliqua alors par un crochet sur le front de Lucas qui se cogna contre le lit, surpris par l'attaque, mais il ne tarda pas à répliquer en frappant violement la poitrine de Devan qui rendit la pareille. Mais malgré le mauvais caractère de Devan, Lucas avait plus de force et d'un geste brutal, il colla Devan dos au sol et se positionna au dessus de lui d'un air triomphant.

- Tu vois ce que je disais. Tu es trop sentimental pour un mec ! Tu fais le malin, mais crois moi, je suis pas con...
- Qu'est-ce que tu racontes ? Laisse moi me relever !
- Non mon mignon, tu ne bouges pas d'un poil ! Et tu sais très bien de quoi je parle !
- NON !

Devan cria presque, assez pour recouvrir la musique. Lucas sourit d'un air glacial à la soudaine panique du jeune homme ainsi livré à lui même alors qu'il le maintenait fermement au sol. Il était sur de pouvoir faire quelque chose de la peur de Devan à propos de ses sentiments, il était sur de pouvoir en faire ce qu'il voudrait, et il était assez insensible pour user de son pouvoir sur lui. Il observa alors le visage crispé de son ami, regardait les moindres détails de son visage si parfait, ses lèvres appétissantes et hypnotisantes, ses mèches coupées de façons inégales, ses longs cils de biche, il aurait tant voulu pouvoir le toucher, mais il ne le ferais pas, il ne devait pas se montrer faible face à Devan qui en profiterait pour s'imposer ou pire, qui se retirerait. Car s'il était sur que Devan éprouvait certains sentiments pour son propre frère, il doutait qu'il puisse être attiré par n'importe quel autre homme. Alors que lui même ne demandait qu'à pouvoir le toucher, lui sourire de façon sincère...et au lieu de celà, il se cachait derrière sa carapace cynique. Après sa courte reflexion, il se laissa tomber à côté de Devan et tendit le bras pour chercher de quoi fumer. Il se coucha alors sur le ventre et se tint la tête d'un air songeur avant de poser le regard sur Devan qui restait perplexe.

- J'aime être comme ça.
- Ah oui ? Pourtant il y a rien de confortable sur du parquet...
- C'est une invitation à entrer dans ton lit ? Avoue, je t'attire ! ^^
- Absolument pas, je suis pas une tapette !
- Tu crois ? Moi en tout cas j'y vais, j'ai vraiment trop mal ici !

Devan regarda Lucas se lever et s'allonger à plat ventre sur son lit défait, une cigarette à la main et une bouteille de vodka dans la seconde, le regardant en souriant avant de porter sa cigarette aux lèvres et en levant ses tibias à la façon des pin-ups. Devan sourit de coin, même s'ils se battaient souvent, il appréciait Lucas, il ne prenait que très peu de choses au sérieux. Il se relava et alla s'installa devant le lit, le dos contre les planches de bois du lit, à côté de Lucas. Il lui prit sa bouteille et en but une gorgée. L'alcool que Lucas avait choisi n'était pas des moindres, il avait porté son choix sur un rhum, très fort. Sa gorge était en feu quand il but, il n'avait vraiment pas fait attention à la boisson même avant d'en boire au goulot, il toussa. Afin d'appaiser sa toux, Lucas se mit à lui taopoter le dos, ce qui fut d'ailleurs éfficace. Mais, une fois prévenu, Devan but à nouveau une gorgée avec précausion, celà fit sourire Lucas qui se mit à masser les épaules et les omoplates de son ami qui se laissa faire. Et pendant que son ami buvait, il s'approcha doucement de se gorge, il ferma les yeux et s'ennivra de la bonne odeur de Devan mais celui-ci, en sentant le souffle chaud de Lucas dans le creux de son épaule, se retourna brusquement en françant les sourcils.

- Qu'est-ce que tu fous ?!!
- Laisse-toi faire Devan...
- Pas question ! Je ne suis pas gay merde !
- Devan...s'il te plait, laisse moi au moins ça !

La voix de Lucas se fit suppliante, Devan le regarda en fronçant les sourcils, il ne s'attendait pas à ce que Lucas lui fasse des avances et encore moins à ce qu'il ait cet air sur son visage si cynique et moqueur. Il but une gorgée avant de poser la bouteille au sol, débousolé par le geste du Lucas. Il ne savait plus trop quoi penser de ce qui allait se passer et ce que Lucas avait en tête et d'une certaine façon, il avait la sensation d'y porter importance, non pas qu'il éprouvait quoi que ce soit pour Lucas mais il devait bien l'avouer, il était désirable. D'un geste indécis, il se réinstalla à sa place, de façon tendue.

- Je sais que je ne suis pas Ehren...Mais laisse-moi une chance !
- Pourquoi tu dis ça ? Je ne peux pas...
- Je sais que tu l'aimes et que nous sommes pareils !
- N'importe quoi !
- Alors embrasse-moi ! Ne prétend pas être hétéro Devan !

Devan ne savait vraiment plus quoi répondre, il était vraiment pris au dépourvus par la demande de Lucas qui le regardait d'un air doux mais on ne peut plus sérieux, mais aussi par le rhum qu'il avait absorbé. Lucas se pencha en avant et écrasa sa cigarette dans le cendrier avant de reprendre place, il profita alors de la perplexité de Devan pour poser ses doigts sur sa nuque, avant de les glisser le long de sa gorge et de faire tourner la tête de Devan vers lui. Celui-ci se laissait à présent entièrement faire, embrasser Lucas ne le dégoûtait pas, mais il se sentait en faute vis à vis de son frère et pourtant, il avait a présent envie de gouter aux lèvres de son ami. Lucas posa alors ses doigts sur la joue de Devan qui resta statique à l'observer pendant que Lucas lui touchait le visage. Il explorait les traits de son visage, ses formes, puis, il posa son doigt sur les lèvres de Devan avant de s'approcher doucement et d'un geste très doux, tel une caresse, poser ses lèvres sur celles de Devan.

Le baiser fut très chaste, mais la pression se fit bientôt plus forte, les lèvres de Lucas prirent à présent possession de celles du jumeau diabolique, et bien vite, le barrage des dents se déserra afin que leurs langues prennent contact et se mèlent l'une à l'autre de façon sensuelle. Ce n'était à présent plus une contrainte pour Devan, il y prenait vraiment gout et se tourna pour faire face à Lucas afin de mieux pouvoir l'embrasser, et s'il hésitait au départ, à présent, il sentait le désir monter en lui, il ne voulait pas que ce contact cesse, et Lucas non plus ! Grisé par le baiser, celui-ci tira peu à peu Devan près de lui sur le lit, bien plus confortable et propice à leurs désirs. Et si Devan était resté figé et crispé jusqu'à présent, il prit les avants et embrassa Lucas avec fougue pendant que celui-ci passa sa main sous le T-shirt en lui titillant le mamelon qui devint dur sour les caresses. Le jeune homme émit un petit soupire de plaisir avant de reprendre les lèvres du jeune blond avec passion. Celui-ci continuait à toucher et à caresser le torse bien bâti de Devan qui à présent faisait glisser ses lèvres sur sa gorge offerte en mordillant de temps à autres. Lucas retira le t-shirt de Devan qui ne broncha pas et qui passa sa main sous sa chemise blanche avant de la lui retirer et lui caressa le ventre avant de passer ses lèvres sur son torse pour gouter sa peau nue et ses mamelons durcis par le désir.

- Plus...

Lucas soupira ce mot entre deux gémissements de plaisir sous les baisers brulants de Devan qui mordillait son mamelon gauche tout en caressant le ventre de Lucas, allant du nombril au jean encore fermé. Et sans réfléchir, d'une main, il ouvrit la boucle de sa ceinture qu'il retira et jeta plus loin. Leurs baisers se firent de plus en plus langoureux quand la porte claqua au rez-de-chaussée, Devan stoppa tout à l'affut du moindre bruit, mais rien ne vint. Lucas, impatient par l'inquiétude de son amant posa sa main sur sa nuque et l'attira à lui pour qu'il se réinteresse à lui. Il ne se fit pas prier, grisé par l'excitation et le désir d'en savourer toujours plus. Lucas se laissa à nouveau faire, il ne s'était pas imaginé que Devan prenne ainsi les devants, il n'avait même pas osé imaginer finir torse-nu et le jean ouvert sur le lit de son ami qui se trouvait sur lui à l'embrasser et à le caresser. Il posa une main sur le dos de Devan et glissa la seconde dans le jean du jeune homme et caressa ses fesses par dessus son boxer tandis que Devan tout en lui embrassant le torse, avait posé sa main sur son boxer, au dessus de son sexe durci par le plaisir.

- Devan...

Une voix se fit soudain entendre devant eux, et cette voix, Devan la connaissait bien trop. Il leva la tête et croisa le regard d'Ehren, son propre jumeau qui le regardait d'un air à la fois dégoûté, haineux et triste. La honte envahit Devan qui repoussa violemment Lucas et sauta sur ses pieds pour remettre son T-shirt avec hate, n'osant plus affronter le regard de son frère, il se sentait tellement misérable et il ne savait pas ce qui l'avait prit. Ehren tourna les talons et fit claquer la porte de sa chambre avec rage tandis que Devan ne bougeait plus, la tête baissée. Lucas se rhabilla en vitesse puis s'approcha de Devan, désolé de ce qui venait de se passer, il toucha l'épaule de son ami qui brusquement, se retourna et lui donna un coup prodigieux dans le visage. Surpris, Lucas tomba au sol avant de regarder Devan qui détourna les yeux, les larmes coulaient à présent sur ses joues. Il se mit à hurler.


- Devan, je suis désolé...
- Fous le camp !
- Je ne voulais pas ! Vraiment !
- Casse toi ! Tu as tout gaché ! Tout est de ta faute ! Sors de chez moi !

Quand Lucas fut sorti de la chambre, Devan s'éffondra alors au sol et laissa enfin ses larmes couler librement.

Chapitre 4

Devan ne ressortit pas de sa chambre de la soirée et resta seul, à finir le rhum et à fumer la marijuana qui lui restait. Il se cachait sous les draps, à trembler comme une feuille, avec pour seul compagnie, sa culpabilité et sa honte. Il n'ignorait pas qu'il devrait bien ressortir un jour ou l'autre de sa cachette mais il ne parvenait pas à se résoudre à aller parler à Ehren, à s'expliquer ou même encore, croiser à nouveau son regard. Il n'avait pas rêvé, Ehren avait été dégoûrté par son attitude et il lui en voulait. Et pourtant, Devan savait qu'il avait aimé ce contact avec Lucas, bien qu'il n'éprouvait pas le moindre sentiment pour son ami, il avait apprécié ses baisers et ses caresses, bien plus que n'importe quelle autre fille avec qui il avait déjà couché, et il devait se rendre à l'évidence, Lucas avait tellement raison, il était vraiment homosexuel !

Dans la chambre d'à côté, Ehren était accoudé à son balcon qui donnait dans la rue, il avait de la chance car le quartier était très agréable et même calme alors qu'ils étaient dans l'état de New-York ! Leur mère se surpassait vraiment pour eux ! Le jeune homme était pensif, il ne parvenait pas à oublier ce qu'il avait vu quelques heures auparavent. Il avait l'impression que tout se dégradait peu à peu, depuis quelques temps déjà, son jumeau se montrait aggressif et distant envers lui alors que le soir, ils étaient si proches et dormaient quasiment nus dans le même lit. Et aujourd'hui, il était quasiment nu dans les bras de Lucas, un homme ! Il avait pourtant déjà remarqué le dégoût qu'inspirait les filles à son frère, mais maintenant, l'homosexualité de son frère lui était confirmée ! Il repensa alors à sa réaction quand il était entré, les deux hommes s'embrassaient vraiment et ils se touchaient ! Et à ce moment là, il s'était surpris à être jaloux ! Non pas de son frère, mais de Lucas ! Il osait toucher à son frère, il osait fantasmer sur lui ! Pour Ehren, celà était intolérable, et il préférait encore, égoïstement, voir Devan avec des filles, même s'il n'en tirait aucun plaisir ! C'était un sentiment étrange et il avait du mal à le cerner, il ne savait plus quoi penser...

Il se sentait vraiment mal à l'aise à présent, il avait besoin d'un bon remontant, et il comprit presque pourquoi Devan fumait et buvait tant, il devait vraiment aller mal intérieurement, comme lui à présent ! Mais il avait des principes autre que ceux de son frère et il ne se réservait l'alcool qu'occasionellement, pour les fêtes et non pas pour oublier ses problèmes ! Il n'avait donc qu'une solution: parler. Mais certainnement pas à Devan, il se sentait incapable d'aller le voir en face, pas maintenant ! Et, d'un pas hésitant, il sortit de sa chambre et alla retrouver Souri, sa mère, qui buvait un café dans la cuisine.

- Maman ?
- Mais pourquoi tu ne dors pas encore mon cheri ?
- Oui, ça concerne Devan...
- Je ne suis pas souvent à la maison, alors ça me fait plaisir que tu viennes me parler un peu et me dire ce qui ne va pas ! Qu'est-qu'il a encore fait ?
- S'il te plait maman, ne le répète pas, mais je ne sais plus quoi penser, je l'ai trouvé avec un mec...ils s'embrassaient.
- Devan est homosexuel ? Pourquoi ne me l'a-t-il pas dit ?
- Je ne sais pas, je suis désolé de te dire ça comme ça, mais enfin, je ne sais pas comment je dois le prendre, en ce moment, il est très distant avec moi et le mec avec qui il...enfin, je l'aime pas du tout ! J'ai l'impression que c'est à cause de moi s'il fait tout ça !
- Oh cheri, tu ne dois pas te rendre coupable ! S'il aime les hommes, ce n'est pas une honte ! Et ce n'est certainement pas à cause de toi ! Vous êtes frères et je pense que tu te sens mal parce que vous êtes différents l'un de l'autre ! Tu devrais parler avec lui de ce qui tu as vu, mais tu ne dois pas le juger pour son amour pour ce garçon.
- Je ne crois pas qu'il l'aime, je l'ai entendu lui crier des choses bizarres et j'ai vraiment eu l'impression d'être impliqué dans leur affaire...
- Cheri, la meilleure des choses à faire, c'est d'en parler directement avec lui. Tu veux que j'aille lui parler ?
- Non, je ne veux pas qu'il sache que je te l'ai dit... Merci maman, je t'aime !
- Moi aussi je t'aime Ehren, je vous aime tout les deux très fort !



Ehren sourit et se leva pour aller déposer un baiser sur le front de sa mère. Pour lui, Souri était une femme fabuleuse, elle avait beau ne pas être souvent à la maison, elle s'occupait d'eux autant qu'elle pouvait, elle avait sacrifié sa vie pour eux et elle ne voulait que leur bien ! Lui parler l'aidait à se remettre un peu les idées au clair, mais il devait encore être au clair avec lui même et ce n'était pas le cas. Mais l'abscence de Devan l'inquiétait, depuis qu'il l'avait surpris avec Lucas, il ne l'avais plus revu...Les mots de Devan lui revinrent également, alors qu'il s'était enfermé dans sa chambre, il avait cru comprendre que son frère mettait Lucas dehors en lui hurlant qu'il avait tout gaché. Il ignorait que quoi Devan parlait mais celà l'intriguait beaucoup, et il devait donc aller lui parler maintenant ! Il toqua à la porte mais n'eut aucunes réponses. Il soupira puis ouvrit doucement la porte.

La pièce était plongée dans les ténèbres, il n'y voyait rien, mais instinctivement, il regarda vers le lit de Devan, il n'y avait rien, alors où pouvait-il bien être ? Ehren allait abandonner quand un coup de vent lui rappela la présence du balcon car chaque chambre possédait un petit balcon, Ehren alla y jeter un coup d'oeil et trouva enfin son frère assis sur le sol froid, comme une poupée désarticulée. Il avait la tête baissée et ne réagissait pas. Ehren soupira, qu'avait-il bien pu faire ? Il jeta un coup d'oeil dans la pièce et trouva au sol une bouteille, vide. Du rhum. Il soupira, à tout les coups, Devan s'était saoulé avec jusqu'à la dernière goutte. Il s'agenouilla devant lui et de la main, lui fit lever le visage pour voir son etat. Ehren fut vraiment abasourdi par l'état de son frère, il l'avait déjà vu ivre, mais pas ainsi ! Son visage semblait avoir perdu toutes couleurs et ses yeux étaient fixes et ses pupilles tel des têtes d'épingles, il devait avoir fumé en plus de s'être ennivré. Des trainées de larmes avaient sechés sur son visage immobile. Il était encore conscient, mais à peine.

- Devan ? Merde, reprend toi ! Tu m'entends ?

Il était vraiment mal au point, Ehren le fit alors se lever, il ignorait quoi faire pour qu'il aille mieux ou pour qu'il reprenne ses esprits, il l'enmena donc dans la salle de bain en faisant le moins de bruits possibles, et, une fois arrivé, il déshabilla son frère et le fit mettre dans la baignoire. Afin de le réchauffer, il lui passa de l'eau tiède sur le corps, d'un geste doux, il lui fit mettre la tête en arrière pour alors lui passer de l'eau sur la tête et nettoya son visage. Il continuait à lui réchauffer le corps puis se mit à parler, même si son frère ne l'entendait pas forcément, simplement pour parler.

- Pourquoi tu t'es fais ça...C'est vrai, je n'aurai pas du réagir comme ça, après tout, c'est toi que ça concerne. Mais je sais pas pourquoi, ça m'a fait mal de le voir avec lui. Vous aviez bu, je l'ai vu chercher de l'alcool. Tu aurais du me le dire que tu étais gay ! Et même, je ne suis même pas sur que tu le sois vraiment, avec toutes les saloperies que tu prends ! T'es pas possible Dev' ! Mais tu es mon frère et ça ne changera jamais ça.

- Je suis désolé...

Pendant le long discours d'Ehren, Devan reprenait peu à peu ses esprits, il avait passé une partie de la soirée sous sa couette, mais elle finit par le dégoûter, avec ce qu'il y avait fait, et puis, il avait eut brusquement chaud. L'eau tiède l'avait donc réchauffé et en quelque sorte réanimé bien qu'il était toujours dans un brouillard profond. Il avait écouté ce que son frère lui disais et celà le touchait mais il se sentait toujours aussi mal. Et une fois de plus, les larmes revinrent à lui, d'une façon involontaire et il ne tenta pas même de les dissimuler ou de les arrêter. Il se trouvait nu dans la baignoire à décuver et à pleurer comme un enfant. Voilà ce qu'il méritait. Mais il ne pleurait pas pour ce que lui avait dit Ehren, il pleurait parce qu'il souffrait. Il était fou amoureux de son propre frère, la seule personne qui lui était interdite...

- Je t'aime Ehren...
- Moi aussi je t'aime !
- Mais moi, je ne t'aime pas comme un frère.

Devan regarda de façon franche son frère, mais son visage ne resta pas impassible, les larmes revinrent à la surface et se mirent à couler sur ses joues, il ne chercha pas même à les arrêter pu même les dissimuler, tandis qu'Ehren le regardait, scié par cet aveu tout à fait inattendu. Puis, reprenant ses esprits il coupa l'eau et tendit une première serviette à son frère qui se leva et la prit pour l'enrouler autour de la taille.


- Ne m'en veut pas pour tout ce que je fais, mais c'est pour ne pas penser à toi. Et te considérer pour ce que tu es et jamais rien d'autre.

Devan sortit alors de la baignoire, toujours sous le silence pesant d'Ehren qui était toujours au sol, l'air perdu. Le jeune homme se sentit alors coupable d'annoncer cette chose qui le hantait depuis si longtemps à son frère, qu'avait-il dans la tête ! C'était son frère et rien d'autre et ça ne sera jamais rien de plus, il n'avait pas même le droit d'esperer quoi que ce soit de sa part. Il prit une seconde serviette et commença à se secher car il commençait vraiment à avoir froid. A ce moment là, Ehren sauta sur ses jambes et prit la serviette des mains de Devan et se mit à le sècher avec douceur, épongeant l'eau en passant la serviette sur chaque parcelle du corps de son frère. Celui-ci fronça les sourcils.

- Arrête, c'est assez dur comme ça ! Ne me fais plus ce genre de choses
- Tais toi Dev', tu dois maintenant me laisser du temps, d'accord ?

Devan le regarda surpris, que voulait-il dire par là ? Il ne comprenait pas vraiment ce à quoi son frère pensait, au moment même, il ignorait tout de lui. Il se laissa donc faire en silence, laissant son frère perdu dans ses pensées. Il ne savait plus qu'une chose, c'est qu'il tombait de fatigue ! Et, une fois sec, il alla directement dans sa chambre sans attendre son frère et se mit au lit, sans prendre de sous-vêtements. Il s'endormit très vite, malgré ce qu'ils venaient de vivre cette journée.
Le lendemain, il se réveilla aux côtés d'Ehren qui l'avait rejoint durant la nuit.

Chapitre 5

Devan sortit de la salle de bain, le laissant seul dans la pièce encore chaude et humide, Ehren tenait encore en main la serviette trempée qui avait servi à essuyer le corps de son frère quelques instants plus tôt. Et d'une façon presque mécanique, il la porta à son visage et huma l'odeur de son jumeau d'une façon absente, puis, il l'éloigna de lui, comme s'il prenait conscience du lien qui les unissait et de l'immoralité de la situation. Il s'assit alors contre la baignoire, la tête posée sur ses genoux relevés, perdu dans ses réflexions. Il avait demandé un peu de temps à Devan, il ignorait pourquoi et surtout, quel était le sens de cette demande et il ne comprenait pas ce qui l'avait poussé à agir de la sorte. Cette journée avait vraiment été particulière, il n'était pas contre les homosexuels, loin de là, mais à présent, il sentait que celà l'envahirait peu à peu, et il savait également qu'il ne supporterait pas de voir son frère coucher avec d'autres hommes tout en sachant qu'il le désirait lui !

Jamais il n'aurait pensé que Devan pourrait éprouver de semblables sentiments à son égard et celà le mettait mal à l'aise en quelque sorte, cependant, il comprenait à présent pourquoi celui-ci se montrait si aggressif envers lui, pourquoi il l'évitait et en savoir la raison le soulageait presque mais à présent, il sentait également que quelque chose allait changer entre eux, et ce pour toujours. Mais il ne le voulait pas, il refusait qu'une chose pareille leur arrive, il se sentait si bien avec Devan lorsqu'ils étaient seuls, il aimait tant dormir avec lui, le sentir se serrer près de lui dans son sommeil, rien qu'avec un simple boxer qui les séparait...Il rougit à cette pensée.

Mais le désir de garder Devan près de lui et ce pour toujours, il ne put s'empêcher, comme poussé par une force extérieur, il alla rejoindre son frère sans faire de bruit, le rejoignant dans sa chambre à pas de loup. Efforts inutiles car Devan dormait déjà tel une masse. Rapidement, il se déshabilla et se glissa sous la couette déjà chauffée par le corps de Devan. Il s'y blottit, d'une façon timide, mais sans pour autant se gêner. Et il finit par s'enformir à son tour.




Le lendemain matin, les deux jeunes hommes se réveillèrent l'un dans les bras de l'autre d'une façon très rapprochée, Ehren bien reposé sur l'oreiller somnolait en rêvassant tandis que Devan entourait son torse de ses bras, enfoui sous les couvertures. Mais bientôt, le moment fut brisé par des pas dans les escaliers. Les deux jeunes homme se raidirent alors dans l'attente d'un autre bruit mais quand ils prirent conscience de leur nudité et de leur situation inexcusable, et, pris d'un reflexe, tous deux attrapèrent leurs sous-vêtements et l'enfilèrent en vitesse au moment même ou Souri apparut dans l'embrasure de la porte.

- Ehren ? Pourquoi n'est-tu pas dans ta chambre ?
- Heu...bah hier...
- Je lui ai demandé de rester...On avait bavardé puis voilà...
- Ah...d'accord. Je voulais vous dire, je vais rentrer tard ce soir, j'ai une réunion, je vous ai préparé des plats à réchauffer.

Souri hocha la tête, puis sourit légèrement avant de se retirer doucement pour aller travailler, comme tout les matins, une pointe de regret au creux de l'estomac, ses fils grandissaient si vite et elle ne pouvait plus les guider comme avant...Elle soupira puis attrapa sa veste et sa malette avant de fermer la porte derrière elle, les laissant tout deux sans voix et assis sur le lit défait de Devan. Les jumeaux se regardèrent après un petit instant de silence.

- Je t'ai tout dit, n'est-ce pas ?
- Je crois avoir entendu l'essentiel...
- Tu vas faire quoi maintenant ?
- Eh tu veux que je fasse quoi moi ? Hein ? Tu m'as avoué ta passion pour moi, et moi maintenant je dois faire quelque chose ? Tu t'attends à quoi ? Qu'on fasse l'amour ? Tu veux quoi au juste ? T'as pas oublié un détail ? T'as oublié qu'on est jumeaux ! Merde !
- Ehren...ne te fâche pas...

Devan replia ses jambes, les entoura des bras et posa son menton sur les genous pendant qu'Ehren se levait et recherchait ses habits. Le jeune homme ne bougeait plus et attendait, il savait qu'il avait mit Ehren dans l'embarras, mais que pouvait il bien faire d'autre à part attendre et laisser le temps faire les choses. Ehren se redressa, tenant ses affaires en boule dans ses bras, en regardant son frère ainsi posté, il soupira. Puis, il s'installa à ses côtés en regardant au sol.

- Tu ne peux pas me demander de tout remettre en question. On ne peut pas, tu comprends ?
- Je sais
- Alors arrête de me regarder comme ça !
- Pourquoi ?
- Pourquoi ?! ? Ehren failit s'étrangler à la question. Merde, t'as écouté un seul mot de ce que je t'ai dit Devan ? C'est quoi ton problème ? Si tu préfère baiser les mecs, ce n'est pas le problème, mais pourquoi moi ?
- Parce que nous sommes éxactement pareils, nous sommes identiques...On se ressemble trop...
- C'est là que tu fais erreur, on se ressemble, mais on est très loin d'être pareils, vraiment loin même !
- Alors pourquoi tu as dormi avec moi cette nuit ? Tu as des doutes toi même !

Ehren se releva à cet instant, comme choqué par ce que venait de dire Devan, celui-ci cherchait à le manipuler, Devan savait précisément ce qu'il voulait, et il le voulait lui, vraiment ! Mais Ehren ne se sentait pas capable d'imaginer faire quoi que ce soit avec son jumeau. Si le soir précédent il se sentait jaloux, à présent il se sentait en faute, son frère l'aimait, il ne s'agissait plus d'amourette ici, c'était incestueux ! Et par conséquent, celà n'aboutirait à rien, celà ne ferait que semer le mal autour d'eux, il fallait rester objectif. Ehren n'ignorait pas combien son frère devait souffrir, celà lui faisait du mal, mais ce n'était pas chose à prendre à la légère !

- Je crois qu'il vaudrait mieux qu'on se prépare pour aller en cours...

Devan soupira puis se leva, il s'approcha de son frère qui se tenait debout en le regardant d'un air désolé, il sourit de coin et posa sa main sur son épaule et y ressera ses doigts comme les serres d'un aigle, Ehren resta de marbre, son frère lui sourit et s'approcha de son oreille avant de glisser "C'est le cours des choses" et de relacher l'épaule pour disparaître dans la salle de bain. Ehren, frustré, abandonna ses affaires dans sa chambre et prit d'autres vêtements avant d'aller prendre sa douche, que Devan soit dans la salle de bain ou non. Il s'en fichait, il n'avait pas l'intention de se laisser manipuler par lui, ce serait trop facile. Il ne jeta pas un seul regard sur son jumeau et laissa couler l'eau pendant que Devan se rasait avec soin. Il retira ses vêtements et entra dans la douche, ignorant toujours son frère qui l'observait par de discrets coup d'oeils. Puis, Ehren se rhabilla tranquillement et fit ce qu'il avait à faire rapidement. Puis, avant de sortir et laisser son frère seul, il dit:

- Tu sais que tu es aussi invité à la fête de Jonas ?
- Tu crois que tes copains les hippies m'interessent ?
- Fais ce que tu veux, moi j'y vais. Bonne journée Devan !

Devan eut un petit rictus, pourquoi cet imbécile de Jonas l'invitait ? Il était vraiment loin d'être le genre de personne à chercher les amis parmi les cas desespérés comme lui, Devan c'était un peu l'extraterrestre du lycée, celui-qui faisait l'attraction, comme au zoo ou aux cirques de 1940 avec leurs hommes étranges ou soeurs siamoises ! Alors pourquoi Jonas se prenait-il la peine de l'inviter dans sa modeste villa ? Certes Jonas était un hippie aux dreads blondes, souvent occupé à fumer sa marijuana aux portes du lycée avant d'enfourcher sa sublime monture à deux roues, accompagnée par les déesses les plus convoitées, bien plus pour leurs avantages que pour leurs capacités mentales, il n'était pas moins un élève très apprécié pour sa franche camaraderie, pour ses grandes fêtes organisées et surtout pour ce qui se passaient à ces grandes fêtes organisées qui interdisaient presque la consommation d'eau ou tout autre substance saine au profit de l'alcool et de la débauche. C'était interessant pour Devan si l'on prenait en compte ces critères, mais les donzelles qui se frottaient à son entre-jambe comme des chiennes en chaleur, c'était très peu pour lui. Celà dit...si Ehren irait...

Quelques instants plus tard il sortit de la salle de bain et alla au lycée, retrouver Jonas devant le lycée, ce n'était pas vraiment son but mais cellui-ci était toujours devant le lycée, le manquer aurait été acte de mauvaise foi. Devan s'approcha de lui, les mains dans les poches, quelque peu nonchalent vis à vis des amis du jeune homme, ceux-ci regardèrent Devan d'un air curieux, surpris par l'élan de sociabilité du jeune homme.

- Je viendrais si tu veux toujours..
- C'est vrai ? C'est ower alors ! Tu viens quand tu veux, tu repars quand tu veux ! Les géniteurs seront absent !
- Ouais voilà...
- C'est cool de ta part Devan !

Après celà, Devan quitta le jeune homme sous les regards éttonnés de ces gens qu'il ne connaissait même pas. Il n'alla pas en cours, préférant secher plutôt que de devoir affronter Lucas et Ehren. Les deux dans la même salle.

Chapitre 6

Une bonne semaine passa sans le moindre signe particulier, sans le moindre rebondissement, Devan avait soigneusement évité Lucas durant tout ce temps, gêné par leurs baisers et le désir qu'il avait ressenti pour lui, l'espace de quelques minutes, admettant ainsi au regard de son ami son homosexualité evidente et son attirance presque bestiale pour Lucas qui ne cessait de le fixer avec un regard brûlant, que ce soit en classe, en le croisant, en pensant à lui. La relation entre les jumeaux s'était elle également améliorée, après un effort considérable de Devan qui ne mentionna plus cet épisode et qui fit passer leur amitié avant le reste. Durant cette même semaine, il s'était montré agréable et enjoué, presque impatient d'accompagner pour la première fois son frère à une sortie, chez ses amis. Et Ehren ne resta pas insensible aux efforts de son frère, ce qui lui permit d'oublier les derniers incidents pour revenir à leur relation passée, cependant, ils ne dormirent plus une seule fois ensemble.

Le temps passa à une allure folle, et sans même s'en rendre compte, la soirée de Jonas était précisément ce soir-ci et les jumeaux, tout deux devant un évier terminaient les derniers "raccords" avant d'y aller, Jonas ne vivait pas trop loin de chez eux, dans le même quartier, ils pourraient donc tout simplement y aller à pied, ce qui éviterait les accidents une fois la fête terminée. Malgré la futilité de la fête, Devan se sentait quelque peu stressé, après tout, il n'était pas copain avec Jonas, il n'était d'ailleurs copain avec personne si on oubliait Lucas et Ehren, il n'avait pourtant pas l'intention de passer la soirée seul, à boire, à fumer et éventuellement à draguer des filles qui ne l'interessaient même pas ! Il avait envie de rester en compagnie de son frère, mais le rôle de boulet ne lui plaisait guère.

- Dis, ça te dérange si je resterais un peu avec toi...le temps de me familiariser ?
- Evidemment que tu peux rester avec moi ! Nous sommes une paire ! Tu sais bien que tu es plus important que mes potes à mes yeux !
- Toi aussi...

Ehren sourit à son frère. Il l'aimait plus que tout, c'était son frère, sa moitié, et seul son bonheur comptait à ses yeux, ses amis sauraient attendre, alors si Devan avait besoin de son soutien, il serait la pour lui, quoiqu'il arrive, du moins, c'est ce qu'il pensait sincèrement. Il lui sourit puis s'essuya le visage d'une serviette avant de quitter la pièce, suivi de son frère qui vont se placer à ses côtés, ravi de la bonne humeur de son frère et de la soirée qui se promettait bien meilleure à présent.
Après cinq minutes de marche dans la rue plongée dans le crépuscule coloré, les jumeaux sonnèrent enfin à la porte de l'imposante villa de Jonas, et bien que les deux frères n'avaient rien à envier à leur camarade, cette maison était tout simplement époustouflante par sa taille mais aussi son architecture de maison de maître et son aménagement éxotique. Ce n'était pas Jonas qui leur ouvrit mais deux jeunes femmes qui devaient avoir le même age qu'eux, bien que leur tenue vestimentaire quasi-inexistante criait le contraire. Devan leva un sourcil à leurs sourires et cris enjoués. "Chiennes" pensa-t-il avec amerthume avant de les ignorer royalement et suivre Ehren qui se frayait un chemin dans le hall bondé entre les nouveaux arrivants, les corps des invités pochés ou encore les timides qui attendaient qu'on les invite à sortir. La fête avait pourtant lieu à l'extérieur, autour de la piscine !

- Hey les gars ! C'est pas possible que vous soyez encore sobre quoi !
- Tu sais, on vient d'arriver d'un côté...commença Devan
- Ouais, mais venez, vous voulez quoi ? Bière ? Non allez, c'est pas assez ça..Allez là bas, ils vous donneront des trucs dont vous n'avez jamais entendu parler !

Devan sourit, voilà qu'on le forçait à boire, ça lui plaisait bien en fin de compte. C'était un mec vraiment cool, Jonas, certes, il était déjà défoncé, comme le montrait ses pupilles dilatées et il puait l'alcool, mais généralement, c'était dans cet état que Devan se faisait des amis, il ne pouvait donc aucunement lui lancer la première pierre. Il se dirigea donc au bar improvisé que lui avait indiqué Jonas, qui à présent s'occupait personnellement de l'intégration d'une jeune femme que les jumeaux ne connaissaient pas. On le servit et il but rapidement, cherchant à trouver cet état second qui lui permettait d'oublier ses petits tracas, ses apréhensions. Et les effets de l'alcool lui montèrent bien vite à la tête comme l'avait prévenu Jonas auparavent. Le jeune homme jeta un coup d'oeil à Ehren qui s'était installa non loin du bar, dans le petit pavillon japonais situé à quelques pas seulement, dans la pelouse. Une grande blonde l'y rejoingnit presque instantanément, au grand regret de Devan qui tourna alors les talons pour explorer les lieux. Il y avait une foule immense dans le jardin et il n'osait pas imaginer le nombre de personnes à l'intérieur. On lui passa un joint. Les gens était amicaux ici.Il n'avait pas vu s'approcher le jeune homme aux longues mèches blondes et au sourire doux. Il ne pensait pas le trouver ici.

- Je ne pensais pas que tu viendrais Devan...
- Moi non plus à vrai dire. Et ça ne m'arrange pas !

Il soupira, il n'avait aucune envie de parler à Lucas. Il n'avait pas prévu sa présence ici et il regrettait de ne pas avoir envisagé cette possibilité. Lucas souriait légèrement et ne le quittait pas du regard tout en tenant un verre contenant un liquide incolore. Devan l'observa un instant avant de lui répondre froidement. Pourquoi devait-il encore se mettre au travers de son chemin ? Il représentait un danger à ses yeux. Un danger qui le troublait. Et tout en cherchant à garder la tête froide, le jeune homme peinait à chasser de son esprit les souvenirs de leurs baisers, de leurs caresses et surtout, du désir qu'il avait ressenti pour lui. Il fronça les sourcils. Pourquoi repensait-il à tout ça ? Il ne ressentait rien pour Lucas et à cause de lui, tout s'était compliqué..Mais qu'est-ce qu'il lui faisait de l'effet...

- Laisse moi tranquille Lucas, on a plus rien à se dire !
- Je ne suis pas de cet avis moi. Ok, on a fait une connerie l'autre jour mais...
- Tais toi ! N'évoque plus ce qui s'est passé entre nous !
- Laisse-moi au moins parler ! S'il te plait...

Devan soupira, mais le regard insistant de son ami finit par le convaincre de le laisser parler. Il détourna le regard et le laissa parler, tout en vidant d'un trait le contenu de son propre verre. Il le sentait venir, il passerait encore la soirée sous une table. Un cas desespérant.

- Je sais que tu n'as aucuns sentiments pour moi, mais moi si. J'ai l'air crétin à te courire après alors que tu es fou d'un autre homme, mais je n'arrive pas à me raisonner, je sais que je ne peux pas rivaliser face à lui, mais je sais aussi que tu en avais envie autant que moi, de ces baisers et ces caresses ! Tu sais très bien que tu ne pourras jamais l'avoir ! Mais ne dis pas le contraire, tu as eu du plaisir avec moi, tu avais envie de moi, et je ne suis pas persuadé que tu pensais à ton frère à ce moment là !
- Lucas..tais toi maintenant ! Je..je n'y peux rien !
- Je sais bien que tout va trop vite pour toi..mais comment veux-tu pouvoir espérer quelque chose de ton frère si tu n'es même pas capable d'assumer ton homosexualité !
- Je me fiche des autres, j'assume ce que je veux !
- Embrasse moi alors. Ici ! Et je te laisserais...

Après sa tirade et ses quelques arguments, Lucas se tut et regarda Devan d'un air suppliant, il savait qu'il ne pouvait pas se battre contre Ehren dans le coeur de Devan, mais il savait qu'il pouvait forcer la main son ami pour le faire ceder. Ce n'était pas bien et même malsain, mais il ne voyait pas d'autres moyens. Il fit donc son ultime demande, mettant ainsi Devan au pied du mur, lui laissant le choix. Devan soupira, il jeta un coup d'oeil autour de lui, peu de gens s'occupaient d'eux, et Lucas se tenait face à lui, suppliant et desespéré. Il ne pouvait que le comprendre, se rendant compte à quel point leur relation était similaire à celle qu'il entretenait avec Ehren. Il soupira puis s'approcha de lui, il lui gliassa alors à l'oreille quelques mots "Et tu me laisseras..." Puis posa une de ses mains sur la nuque de Lucas qui s'avança et posa ses lèvres sur les siennes et l'embrassa doucement. Bientôt, Devan entrouvrit ses lèvres et se mêla à la langue de Lucas. Mais bien vite, il sentit une pression sur son bras et on le tira sur le côté. Il lacha les lèvres de Lucas, surpris par cette pression d'origine inconnu quand il se retourna et tomba nez à nez avec Ehren. Celui-ci semblait très calme, mais ses sourcils étaient froncés. Devan s'écarta de Lucas qui ne bougea pas, mais bientôt, il tourna les talons sans mot dire et s'éloigna des jumeaux, silencieux et abattu. Avait-il une fois de plus fait passer son interêt avant le bonheur de celui-qu'il aimait ?

Devan regarda son frère sans rien dire, ressentant à nouveau cette même honte d'avoir embrassé un homme, non pas honteux de son homosexualité, honteux comme ayant commis un adultère, il savait cette notion absurde dans son cas, mais il avait la sensation de trahir son frère. Et celui-ci semblait à présent en colère, certes, il ne le montrait pas, mais Devan le connaissait bien assez pour savoir quand son jumeau allait mal. D'ailleurs, pour une fois, Devan se demandait vraiment ce qui allait se passer car Ehren sentait l'alcool, il ignorait s'il buvait beaucoup d'habitude, mais ce soir-là, il savait qu'il avait beaucoup bu, ses pupilles étaient semblables aux têtes d'épingles et il tanguait très légèrement d'avant en arrière. Devan soupira face au silence buté d'Ehren qui ne cessait de l'observer, puis, il prit la parole. Il devait pour une fois, prendre les choses en main.

- Je suis désolé Ehren, je ne peux pas t'appartenir...Je t'aime mais ça ne peut plus continuer. Tu avais raison depuis le départ, on est frères et ça ne pourra jamais changer, quoi qu'il arrive, ce que j'éprouve pour toi est malsain et jamais je ne permettrais que cet amour fantasque détruise notre relation, il faut donc que ça cesse, maintenant ! Je suis désolé de te causer autant d'ennuis mais ne t'en fais pas, à présent, tu n'auras plus à te soucier de moi. Je sais ce qu'il y a de mieux à faire pour toi, pour nous...

Devan dit ces quelques mots d'un ton sombre et résigné, il savait ce qui lui restait à faire, et il était à présent certain qu'il ferait le bon choix, le seul qu'il lui restait pour le libérer lui et son jumeau de cette souffrance muette dans laquelle il les avait plongés. Il regrettait de ne pas être comme les autres, mais ce dont il était certain, c'est qu'à présent, tout allait s'arranger. Ehren le regardait toujours sans rien dire, que pouvait-il bien dire après tout ? Devan ne lui laissa aucune chance de prendre la parole d'ailleurs car une fois ces quelques mots prononcés, il tourna les talons et sortit de ce jardin dans lequel il n'avait plus rien à faire. Une soirée sympathique avait-il cru...Une soirée qui lui avait fait ouvrir les yeux plutôt.

Ehren était assis, les jambes repliées, sur le petit balcon de se chambre, profitant ainsi de l'air frais du crépuscule et du calme de la nuit tombante. Concentré, il jouait une petit mélodie qu'il inventait au fil des notes sur sa guitare rayée par les coups et les chocs qu'elle avait déjà vécus. Pourtant, elle n'était pas si vieille que ça. Il jouait souvent le soir, seul, avec pour seuls spectateurs les étoiles lointaines. Puis, il cessa de jouer et écrasa son mégot dans son petit cendrier. Il fumait depuis peu de temps, une mauvaise habitude qu'il avait pris au fil du temps. Il posa ensuite sa guitare et regarda le ciel. Il n'y avait pas un seul nuage à l'horizon. Il soupira, plongée dans la mélancolie de la solitude. Il se sentait seul, Il lui manquait énormément, et pourtant, Ehren savait que Devan avait fait le bon choix, deux mois auparavent. Celà faisait deux mois que Devan était sorti de sa vie et Ehren avait du mal à accepter l'absence de son frère, la seule personne avec qui il avait partagé tant de choses, avec qui il avait vécu tant d'expériences, son confident, son ami, son reflet...Il lui manquait vraiment. D'un pas lourd, le jeune homme se rendit doucement dans la pèce d'à côté, dans sa chambre. Celà lui faisait mal de la voir si vide, comme ayant perdu son âme, toute sa vitalité...Il s'obligeait pourtant à s'y rendre régulièrement, cette chambre vidée lui rapellait que son frère était parti, et qu'il ne reviendrait pas. Ils se reverraient peut être un jour, très probablement, mais pas encore...

Deux mois précédents, lors de la fête de Jonas, Devan avait en quelque sorte, fais ses adieux à son jumeau, prenant la décision de disparaître, s'en aller au loin, afin de ne plus faire de mal à personne. Ehren ne l'avait pas retenu, il ignorait ce qu'avait en tête son jumeau, peut être était-il aveuglé par la colère vis à vis de Lucas qui pourtant, était dans ses droits, peut être était-il abruti par l'alcool, mais il n'avait pas couru après son frère, il l'avait laissé s'en aller, sans même comprendre ce qui se passait. Il n'avait rien dit et il n'avait rien empêché. Et quand son frère s'était en allé, Ehren s'était laissé tomber dans la pelouse soyeuse du jardin de Jonas, et, ainsi allongé, les bras écartés, il avait laissé son esprit divaguer, imaginant quelques secondes ce qu'il aurait fait si son frère n'était justement pas son frère. Il n'avait pas su quoi dire. Et peut peut être à cause du desespoir dans lequel il était plongé, plus probablement à cause de l'important nombre d'unités d'alcool qu'il avait consommé en si peu de temps, il s'enfonçait petit à petit dans un etat second, il n'entendait plus un seul son, il ne voyait plus rien à part le ciel qui s'assombrissait légèrement puis doucement, il perdit connaissance. Plongé dans le coma.

Quand il se reveilla, il n'était plus allongé dans l'herbe, à son grand etonnement, il se trouvait dans un lit, mais pas le sien. Légèrement paniqué, il avait mille questions à se poser. Par commencer, que fesait-il ici ? ... Dans cet hôpital ! Il ne se souvenait pas avoir eu d'accident. Il finit par se calmer afin de reprendre ses esprits, cherchant dans sa mémoire ce q'il s'était passé. Quelques souvenirs vagues lui revenaient, et il n'aimait pas ces souvenirs. Souri vint le chercher dans la journée, le trajet s'était fait en silence. Ehren sentait que quelque chose n'allait pas, et il sentait que ça ne lui plairait pas. Ou était Devan ? Pourquoi n'était-il pas là ? Souri ne répondait pas à ses questions, peinée de voir son fils dans cet état. Et une fois arrivés à la maison. Le jeune homme se rua dans la chambre de son frère, mais il ne s'attendait pas à celà. Il n'y avait plus rien. Plus de meubles, plus de posters, plus d'affaires...Plus de Devan. Ses larmes s'étaient mises à couler, que s'était-il passé, il avait besoin de savoir. Bientôt, il sentit la main de sa mère sur son épaule, il se tourna vers elle avec colère en criant:

-Où est-il ? Où est-il ?
- Il est parti...
- Mais où ?? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Chéri..
- Répond moi Merde ! C'est mon frère !
- Il a décidé de s'en aller, il est allé vivre chez votre père, mais il ne veut pas que tu l'y retrouves, il souhaite mettre de la distance entre vous. Je sais à propos de vous deux, enfin, je veux dire, je sais qu'il t'a porté un amour incestueux, il m'a tout avoué et c'est pour celà qu'il souhaite ne plus avoir de lien avec toi pendant quelque temps, afin que vous réfléchissiez, afin de remettre les choses dans l'ordre. J'ai approuvé son choix, sachant qu'entre les mains de votre père, il est en sécurité. Ce qu'il a fait et ce qu'il y avait de mieux à faire. Mais je sais aussi que ce sera dur pour vous deux...

- Oh non ! C'était quand ça !? Pourquoi il a dit tout ça ! Il ne peut pas m'abandonner comme ça !
- Ehren, ne crois-tu pas que c'est la meilleure solution ? Il vous faudra du temps pour vous remettre de ça, mais c'est essentiel...
- Mais tu ne comprends pas ? Je vais être loin de mon frère ! Je dois le retrouver ! Je ne peux pas vivre sans !
- Ehren..Calme-toi...Tu sais très bien que c'est mieux comme ça !

Le jeune homme avait les joues inondées de larmes sâlées mais il n'y preta pas attention, il avait envie d'hurler, de pleurer, de frapper, tout sauf ça, il n'envisageait pas une seule seconde de vivre séparé de son jumeau qu'il aimait plus que tout, et pourtant, au fond de lui même, il savait qu'il n'y avait que ça à faire, il ne pouvait aimer comme son frère l'aimait, mais il ne pouvait pas non plus se résoudre à le voir embrasser un autre, il ne savait plus où il en était et tout ce qu'il ressentait à présent était un vide terrible au fond de lui même...

De son côté, Lucas ne revit plus Devan depuis cette soirée, il avait espéré mais il savait que face à l'amour passionné que Devan portait à son jumeau, il ne pouvait rien y faire. Il se résolut donc à l'oublier, sachant à présent que Devan ne reviendrait plus au lycée, sachant qu'il avait quitté la ville, qu'il avait quitté le coeur de ceux qui l'aimaient pour reprendre un nouveau départ. Au fond de lui-même, il savait que son ami avait fait le meilleur choix et il se sentait fier vis à vis de lui. Il le regrettait, mais il ne lui en voulait pas, après tout, un chagrin de coeur, ça guerrit toujours... Aussi sincère et insencé qu'avait été cet amour, Devan finit lui aussi par s'en remettre. Il avait toujours su que celà avait été voué à l'échec, mais celà ne l'avait pas empêché d'aimer en secret de nombreuses années, mais en fin de compte, alors qu'il était si proche du but, il renonça à cet amour, ouvrant les yeux sur l'immoralité de cette relation incestueuse et ce que celà représentait. Il avait donc laissé place à la raison. Et petit à petit, il s'en remit et finit par guerrir de cet amour, bien des années plus tard. Il savait qu'il avait fait le bon choix en se séparant de son frère de longues années durant, et quand ils se retrouvèrent, leur relation fraternelle était devenue plus fusionelle que jamais...