Gamma-Oh
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 Le temps d'apprendre à vivre

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Kimmychan

Kimmychan


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MessageSujet: Le temps d'apprendre à vivre   Le temps d'apprendre à vivre Icon_minitimeLun 17 Déc - 22:27

Note de l'auteur :

- Je ne suis pas douée pour les résumés donc... je n'en fait pas XD Sachez juste que ça parle de religion (ne fuyez pas XD), de relation homosexuelle (homo^hobes passez votre chemin) et de pleins de choses bizarres...
[Une précision tout de même : je ne crois pas en Dieu, n'appartient à aucune religion malgré un baptême catholique (on ne choisi pas ces choses là hein XD), j'ai un avis tout à fait personnel sur ce sujet et qui n'engage que moi,. Un avis que j'essaye de ne pas faire transparaître dans ce récit. Je ne porte atteinte à aucune croyance, et respecte toutes les religions. Je ne pense pas que ce texte pose problèmes à ce niveau mais on ne sait jamais, mieux vaut prévenir !]

- Je l'ai mit dans Trash And Cie principalement parce que je ne savais pas dans quelle catégorie le mettre, mais pour l'instant il n'y a vraiment rien de plus choquant qu'un baiser dans cette histoire XD

- Les personnages, noms, prénoms, histoire etc. sont de moi, tout le texte est de moi. Si jamais vous souhaitez en faire une quelconque utilisation, merci de me demander d'abord mon avis.

- Cette histoire est en court d'écriture, et il se passe souvent de longue période où je n'écrit pas de nouveaux chapitres.

- Au départ il n'y a justement pas de chapitres, mais ici je vais en faire pour que ce soit plus simple à poster/lire. Pardonnez moi si le découpage est un peu bizarre où certains chapitres beaucoup plus courts que d'autres...

- Le titre est provisoire (rien ne dit qu'il ne deviendra pas définitif, je verrai bien).

- Je suis ouvertes à toutes critiques/commentaires/adoration/culte/vénération de ma personne etc. Arrow

- Je me relis très peu, il se peut donc qu'il manque fréquemment des mots (ça m'arrive tout le temps -_-) et qu'il y ai des fautes. Je les corrige pour peu qu'on me les signale Embarassed

- L'histoire se déroule en espagne, à notre époque.

- Il se peut que ce que j'écris soit un peu incohérent, notament sur des sujet comme les églises, la religion, les villes, etc. simplement parce que j'ai peu de connaissances dans ces matières. Je fait des recherches, mais si vous remarquez ces petites choses qui ne vont pas, merci de me le signaler également pour que je puisse modifier !

- Voilà c'est à peu près tout, bonne lecture =)
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Kimmychan

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MessageSujet: Re: Le temps d'apprendre à vivre   Le temps d'apprendre à vivre Icon_minitimeLun 17 Déc - 22:33

[ Le poème qui sert d'introduction à ce récit est amputé de sa dernière strophe, et ce parce qu'elle me servira d'épilogue ]



[ Rien n'est jamais acquis à l'homme ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n'y a pas d'amour heureux

Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu'on avait habillés pour un autre destin
A quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains
Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes
Il n'y a pas d'amour heureux

Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j'ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
Il n'y a pas d'amour heureux

Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson
Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n'y a pas d'amour heureux ]



{ Aragon - Il n'y a pas d'amour heureux }
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MessageSujet: Re: Le temps d'apprendre à vivre   Le temps d'apprendre à vivre Icon_minitimeLun 17 Déc - 22:36

Prologue


Ses pas raisonnaient sous le dôme immense de l’église. Il faisait froid et sombre et cet endroit aujourd’hui avait cessé de le rassurer et ne lui inspirait plus qu’une douloureuse brûlure au creux du ventre, mêlé à un sentiment de crainte et de culpabilité. Pourtant il remontait à nouveau l’allée silencieuse de ce lieu sacré, se dirigeant inexorablement vers l’autel où les fidèles avaient allumés des dizaines de bougies, comme un papillon attiré par la lumière céleste. Chacun de ses pas, tel un battement d’aile léger et maladroit, le rapprochait toujours plus de la lueur hésitante des cierges qui se consumaient lentement, éclairant la nef de leur lumière évanescente et tremblante qui conférait aux visages sacrés des vitraux une expression fugace de reproche. Selen accéléra instinctivement le pas sous les regards réprobateurs de ces saints observateurs silencieux qui semblaient suivre sa marche troublée vers la clarté rédemptrice des chandelles.
Il gardait les yeux fixés sur le Christ, figé dans son agonie douloureuse sur sa grande croix de bois, juste au dessus des candélabres. Lorsqu’il arriva au pied de l’autel il sentit ses genoux ployer lentement sous lui, ses mains se joignirent en un geste habituel, son regard demeurait rivé au visage torturé du Christ comme un enfant aurait gardé les yeux levés vers la plus brillante étoile du ciel, l’admiration et la culpabilité se mêlant étroitement sur les traits tendu de son visage étrangement éclairé par les flammes vacillantes. Alors, il se mit à prier.
Il ne voulait surtout pas fermer les yeux, de peur de voir apparaître son visage, effigie si troublante de son péché. Il ne voulait surtout pas sentir son cœur se remettre à battre de cette façon si particulière. Il aurait voulu être assez lucide pour souhaiter l’oublier, être assez intransigeant pour avoir des remords. Mais, si il se sentait coupable, il ne regrettait pourtant pas d’avoir un jour croisé son chemin. Lui qui avait juré fidélité, il y a longtemps, dans cette même église, lui qui avait promis de ne jamais aimer qu’un seul être, lui qui avait choisis cet amour unique et s’y était voué corps et âme jusqu’à aujourd’hui, il n’avait aucun regret.
Pourtant il ferma les yeux, savourant silencieusement le sentiment de chaleur intense que faisait naître en lui la vision de ce visage honteusement aimé… L’infidélité avait un goût de miel et le parfum si particulier d’un soir de mars, gris et pluvieux.
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MessageSujet: Re: Le temps d'apprendre à vivre   Le temps d'apprendre à vivre Icon_minitimeLun 17 Déc - 22:39

:: Chapitre 1 ::


Il se souvenait parfaitement de l’odeur de la pluie et du vent froid qui soufflait au dehors. Il se souvenait l’église presque vide que quittaient les derniers fidèles. Mais ce dont il se souvenait le mieux c’était de ses cheveux mouillés, de son regard égaré, perdu, qui réclamait silencieusement un réconfort qu’il n’avait sans doute pu trouvé nul part ailleurs, de la grâce inconsciente de ses gestes, de la douceur de sa voix autant que de ses paroles. Et puis il y avait cette joie de vivre, cette volonté d’exister qui perçait même à travers la tristesse de son regard délavé. En y réfléchissant, jamais Selen n’avait rencontré de personne aussi décidé à vivre que lui. Cela il le comprendrait plus tard. Quand il était entré dans l’église, son regard gris clair s’était aussitôt posé sur Selen, aussi doux et poignant que pouvait être le regard d’un homme. Il s’était avancé vers lui et il n’y avait aucune hésitation, ni dans ses pas, ni dans l’expression de son visage humide de pluie, ni dans sa voix lorsqu’il déclara :

« J’aimerais vous parler… »

Cela ne surprit pas Selen. Beaucoup de gens ne venait ici que pour cela, ils venaient trouver ici une oreille attentive et repartaient soulagés du poids de leurs histoires et de celui de leur culpabilité. Il sourit doucement, presque avec condescendance, mais le jeune homme ajouta :

« Mais pas ici. Allons faire un tour… »

Selen le regarda avec étonnement, un peu abasourdi et ne sachant que faire. Cela en revanche, on ne le lui avait jamais demandé. Cependant il se reprit rapidement, parcourant l’église du regard. Ils étaient seuls…

« D’accord. » concéda-t-il avec un léger haussement d’épaule.

Il pleuvait. Mais ce n’était plus à présent que quelques gouttes tièdes qui s’écrasaient lourdement dans les rues pavés de la vieille ville de Séville. Ils sortirent sur le parvis de l’église et puis le jeune homme entraîna Selen dans les ruelles, au hasard. Il n’avait aucune destination précise, simplement le désir de laisser ses pas le guider entre les flaques et les ornières, l’emmener quelque part, peu importe où. Il disait toujours que le voyage importe plus que la destination. Mais ça, Selen ne le savait pas encore.

« Où va-t-on ? »

Il observait le visage du jeune homme, sa peau pâle, ses joues creuses, ses cheveux blonds et ses yeux d’un bleu électrique, et une autre question lui vint en tête : d’où venait-il ? Il n’était certainement pas espagnol.
Sans lui accorder le moindre regard, il répondit avec un léger sourire énigmatique :

« Cela a t-il une importance ? »

Selen fronça les sourcils, trouvant ce jeune personnage bien mystérieux. Et sa jeunesse ajoutait encore au mystère qu’il véhiculait, car elle semblait cacher une sagesse et une expérience de la vie qui n’était pas de son âge. Il arrivait que Selen oublie parfois le nombre d’années qui les séparaient tant il se sentait naïf et inexpérimenté en face de lui. Il dû grandir sans doute plus que son compagnon durant les années à venir, et pourtant des deux il était celui qui était censé avoir déjà atteint l’âge adulte.

« De quoi vouliez-vous me parler ? »

Cela faisait plusieurs minutes qu’ils marchaient en silence, et la voix de l’énigmatique jeune homme ne s’était plus faite entendre. Le silence se prolongea encore quelques instants. Ils atteignirent une place, une jolie place ronde avec des bacs de fleurs colorées et une fontaine en son centre où ruisselait une eau fraîche qui faisait la joie des gamins durant les chaudes après midi estivales. Mais pour l’heure la pluie avait chassée les promeneurs et les gamins. Il n’y avait que deux jeunes filles assises sur un banc qui gloussaient de temps à autres, les joues rosies et les cheveux humides.

« Pourquoi êtes-vous devenu prêtre ? »

Les yeux de Selen s’écarquillèrent légèrement à la question plus qu’inattendue. Le jeune blond était à présent debout sur le bord de la fontaine, à jouer les funambules sur l’étroite margelle en pierre. Un balbutiement confus s’échappa de ses lèvres tant la question le prenait au dépourvu. Il inspira doucement avant de se ressaisir.

« Vous êtes venu me chercher dans mon église et m’avez amené jusqu’ici juste pour me demander ça ? »

Le regard de glace de l’inconnu se posa soudainement sur lui, le transperçant aussi sûrement que l’aurait fait la pointe d’une épée, et sa malice effrontée le blessa avec la même efficacité.

« N’avez-vous aucune idée de la réponse que vous répondez par une autre question ? »

L’une des deux adolescentes pouffa, Selen détourna le regard alors que l’autre le fixait toujours. Le soleil timide recommençait à transpercer les nuages de ses rayons salvateurs, la pluie avait pratiquement cessée. Le prêtre ne comprenait pas. D’où venait ce garçon ? Et pourquoi ? Pourquoi lui, pourquoi cette question ? Ils ne se connaissaient pas, ne s’étaient jamais vu… Comment avaient-ils pu atterrir ici, à se jauger du regard ?

« Vous ne voulez pas vous confessez alors ? »

C’était au départ ce qu’il avait naïvement cru. Et à présent il en venait presque à le souhaiter. D’abord parce que c’était plus simple pour lui, ensuite parce que ce jeune l’intriguait d’une façon particulièrement dérangeante. Son simple sourire faisait naître en lui un désir de savoir, une curiosité exigeante, une envie de découverte…

« Qui pourrait me pardonner ? Personne n’en a le pouvoir, l’envie, la possibilité… Personne n’en a le droit ni le devoir. »

Ces simples paroles étaient un affront, aussi bien que le geste de dénigrement à peine esquisser qui les accompagnait.

« Dieu… ? »

Un simple sourire répondit à Selen. Un sourire léger, doux, presque complaisant, le sourire de quelqu’un qui sait ce que les autres ignorent et qui pardonne cette naïveté, le genre de sourire qu’on adresse parfois aux enfants, et qui inspira au prêtre un désagréable malaise. Pour la première fois de sa vie il eu l’impression d’être ignorant, vulnérable, et impuissant à la fois, ce genre de sentiment qu’on a lorsqu’on se trouve en face de plus grand que soit.

« Je m’appelle Ivanoë… » Souffla le jeune homme en descendant d’un bond de la margelle et en saisissant la manche de la soutane de Selen pour l’entraîner plus loin dans sa promenade sans but.


C’est ainsi qu’ils avaient finit par atterrir au bout d’une petit demi-heure dans une palmerai à l’extérieur de la ville, en haut d’une petite colline qui surplombait les vieux quartiers. Le ciel délavé se parait de couleurs incandescentes tandis que le soleil à peine retrouvé basculait déjà derrière la ligne d’horizon. Ils étaient assis dans l’herbe mouillée, au dessus d’eux les citrons et les oranges à peine mûres goûtaient paresseusement. Il montait du sol imbibé d’eau un parfum de terre humide et tiède qui emplissait leurs narines, mêlé au parfum léger des arbres fruitiers. En chemin ils avaient parlé, beaucoup, puisque c’était visiblement ce que désirait Ivanoë. Aucun de ses mots n’avaient cependant levé le mystère. Selen ne savait rien de plus de lui hormis son prénom aux accents étranges. Le jeune homme semblait préférer les questions aux réponses, sa curiosité n’avait aucune limite bien qu’il soit en revanche peu décidé à satisfaire celle du prêtre.

« Vous n’avez pas répondu à ma question… »

Selen rit doucement, en jetant un regard de côté au blond qui venait de s’étendre dans l’herbe trempée, la tête reposant sur ses bras croisés derrière sa nuque, sans plus se soucier de ses vêtements mouillés et tâchés de vert.

« Laquelle ? Vous en posez tellement… »

Malgré le ton léger du prêtre, le visage d’Ivanoë ne se départit pas de sa gravité mêlée de cette curiosité naïve et presque enfantine qui adoucissait cependant ses traits.

« Pourquoi êtes-vous devenu prêtre ? »

Un sourire patient et assuré se peignit sur les traits de Selen. Ce n’était pas la première fois qu’il avait à répondre à cette interrogation, et il connaissait parfaitement la réponse, malgré ce que le jeune homme avait tout d’abord pensé.

« Je n’ai pas de raison précise, rien qui soit bien explicable. Cela se ressent, au fond de soi. Ca m’est apparu un jour comme une évidence. Dieu… C’est peut être ce qu’il y a de plus merveilleux, de plus grand, de plus lumineux. Je pense qu’il peut rendre heureux…

- Cela n’explique pas pour autant pourquoi vous êtes prêtre… »


Il fronça les sourcils, dérangé par cette interruption qui coupait cours à sa propre réflexion. Pourtant cela lui semblait évident…

« Les prêtres sont des serviteurs de Dieu. Il m’inspire un tel dévouement, un tel amour… J’avais envie de le servir, de répandre sa parole…D’aider aussi les gens égarés, les gens qui croient ou qui ont besoin de moi. Ceux qui ne savent pas où trouver Dieu et viennent trouver refuge dans mon église. Les prêtres servent Dieu, mais avant tout ils servent ses enfants…

- Les hommes libres et heureux servent Dieu. »


Et voilà qu’il l’interrompait à nouveau, de cette déclaration si ferme et empli de convictions, avec cette certitude dans le regard et cet affront dans la voix. Il semblait que rien n’aurait pu faire fléchir cette opinion.

« Alors vous croyez en Dieu… Vous devriez comprendre qu’on puisse vouloir être prêtre.

- Je ne crois pas en Dieu. »


Selen ne cessait de fixer son interlocuteur avec cette incompréhension au fond du regard et cette vague sensation de flotter dans un océan d’inconnu, à laquelle il commençait à être accoutumé.

« Je ne comprend pas… Pourquoi dites vous que les hommes libres servent Dieu, si pour vous Dieu n’existe pas ?

- Je n’ai pas dit que Dieu n’existait pas. J’ai dit que je ne croyais pas en lui.

- C’est la même chose…

- Non. Bien sur que non. Vous dites que les prêtres servent Dieu, et ses enfants, et sont là pour les guider et les aider. Je vais vous dire… Pour moi Dieu, c’est les Hommes. Il est à la fois le fruit de leur imagination, et la force mystérieuse qui leur permet de vivre et leur inspire cet espoir immuable qui a toujours fait partie de l’humanité. C’est un peu le problème de l’œuf et la poule… Dieu a-t-il créé les Hommes, les Hommes ont-ils créé Dieu ?... Pour moi la question n’est pas là. Dieu c’est les Hommes, c’est vers lui qu’ils se tournent lorsqu’ils ont tout perdu, lorsqu’ils ne sont plus rien que des âmes errantes dans des enveloppes de chair. Quand ils redeviennent purement et simplement humains, comme aux premiers temps, ils n’ont alors plus que Dieu. Il est leur dernier et ultime recours. C’est pourquoi Dieu c’est les Hommes. Quand les Hommes sont redevenus ce qu’il y a de plus primairement humain, Dieu est redevenu Dieu, quand bien même l’auraient-ils renié toute leur vie. Et il n’y a que les hommes libres et heureux pour servir les Hommes… »


Le prêtre resta silencieux un long moment, abasourdis et perplexe suite à ce long discours. Le jeune homme n’avait encore jamais autant parler, lui qui assenait ses remarques précises, claires et concises afin d’écourter chaque fois ses plaidoiries. Le sens de ces paroles lui échappait, bien qu’il sentait l’importance de la vérité qu’elles tentaient d’énoncer. En observant le visage candide du jeune blond, il se demanda vaguement si lui-même comprenait tout à fait ce qu’il disait, ou bien s’il mettait des mots sur ce qu’il ressentait sans vraiment en saisir tout le sens.

« Je ne suis pas sur de bien comprendre…

- Le soleil disparaît… »
Murmura Ivanoë pour seule explication.

Les yeux sombres du religieux se détachèrent enfin du visage laiteux du jeune homme, doucement caressé par les derniers rayons fades du soleil mourrant, juste à temps pour apercevoir un dernier morceau de lumière tiède et orangée. Bientôt il ne resta plus pour unique vestige de l’astre solaire qu’une insaisissable couleur rosée sur les nuages, alors que le ciel bleu dérivait lentement vers le violet. Le silence qui s’était à présent établit entre eux était presque solennel, comme si chacun respectait cette petite mort éphémère de l’astre du jour, observant un recueillement tranquille car ils savaient qu’il renaîtrait bientôt au petit jour. Cela se prolongea jusqu’à ce que l’obscurité vienne gommer les contours des arbres de la palmeraie et recouvre doucement le paysage d’un voile léger qui ne tarderait pas à s’épaissir. Selen n’osait pas rompre le silence paisible tant il craignait de briser quelque chose, il ne savait quoi, quelque chose de fragile semblait-il qui s’épanouissait avec grâce dans cette absence de paroles échangées. Cependant des préoccupations toutes rationnelles et purement quotidiennes revinrent à son esprit encore tout embrouillé de l’étrange rencontre de cette fin d’après-midi. Il fallait qu’il rentre, mette son église en ordre, ferme les grandes portes. Il avait faim aussi. Mais curieusement il n’avait pas envie de quitter ce lieu si serein et si magnifiquement hors du temps, hors de tout. Ou bien était-ce son énigmatique compagnon dont il ne voulait pas s’éloigner ?

« Pourquoi êtes-vous venu me chercher dans cette église ? Pourquoi moi, pourquoi aujourd’hui ? »

Un instant il avait faillit le tutoyer tant l’obscurité naissante semblait renforcer la vague impression de complicité, presque d’intimité, qu’avait éveillé ce coucher de soleil partagé. Avec la nuit, l’odeur fraîche des agrumes se faisait plus entêtante, et il sentait l’air qui caressait ses tempes se rafraîchir légèrement. Sentir leur séparation si imminente faisait remonter à la surface toutes ses interrogations momentanément mises de côtés, ce besoin de savoir, de comprendre, ce désir de rationaliser un peu cette rencontre, ce qui était paradoxal pour quelqu’un d’aussi spirituel qu’un prêtre.

« Faut-il une raison pour tout ? »

Selen sursauta presque d’entendre cette voix basse si près de son oreille alors que, perdu dans sa contemplation du ciel dont les couleurs se fondaient pour mieux encrer la voûte céleste, il n’avait pas perçut les mouvements d’Ivanoë. Ce dernier s’était lentement redressé en position assise, et se trouvait à présent appuyer sur son bras gauche, lequel touchait pratiquement le bras droit de l’ecclésiastique, de façon à ce que son souffle viennent directement se perdre dans son oreille. Gêné par cette proximité inattendue autant que par le ton critique du jeune blond, le prêtre se redressa rapidement, époussetant sa soutane bien que ce geste soit assez inutile aux vues des tâches qui la souillaient. De fait c’était plus pour se redonner une contenance que pour réellement tenter de rendre un aspect correct à sa tenue.

« J’aurai bien aimé au moins savoir pourquoi j’ai perdu tout ce temps avec vous … »

Le regard dur et profondément distant que lui adressa Ivanoë suffit à lui faire immédiatement regretter ses propos. Il se leva à son tour, et bien qu’il soit plus petit que Selen, celui-ci se senti clairement écrasé par sa prestance tremblante de dignité. Visiblement blessé, ou bien vexé, par la remarque du prêtre, le blond se pencha très légèrement en avant, avant de lâcher d’un ton cynique :

« Cela, Dieu seul le sait… »

Sur quoi il tourna les talons et s’en alla de sa démarche pleine d’aisance et de légèreté à peine entravée par sa profonde irritation. Il fut bien vite happé par la nuit tombante, laissant Selen debout les bras ballant, ne sachant que penser de la soirée qu’il venait de passer et bien plus perdu qu’il ne l’avait été depuis longtemps.
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